8 febbraio 2001
Cara Gioia,
sentire cosa dicono i vocaboli, ascoltare come risuonano e si rispondono, come ragionano, vederli emettere i loro significati come onde che si spandono nello spazio mentale, – è quello che abbiamo fatto la settimana scorsa, a Parigi, nei quattro giorni in cui abbiamo riletto insieme la sua traduzione… Abbiamo confrontato il francese e l’italiano, abbiamo trovato attimo più bello di instant e aimant più bello di calamita; abbiamo riso dell’etimologia romanzesca di silhouette e di chandail, abbiamo scoperto che cinghiale e sanglier nascono da singolare. Ci siamo spesso ritrovati all’incrocio di vocaboli contraddittori. Giano bifronti, bocconi di ambivalenza: vocaboli misteriosi come maschere neutre, neutre perché traversate da energie contraddittorie, da vocaboli reversibili. Sono loro che provocano in tutte le lingue i corti circuiti poetici più profondi. Ed ecco, in francese, il vocabolo personne dove si trova al tempo stesso qualcunoe nessuno.
Una volta di più, ho imparato molto lavorando accanto a lei. I vocaboli stranieri, anche se non li capisco, li tocco, li palpo, li porto all’orecchio come meteoriti, come sassi misteriosi, come conchiglie, per sentirne l’interno: il tedesco Abgrund mi ha insegnato che l’abisso non ha fondo, l’italiano dado che il dado è dato, l’ebraico davar che anche la cosa è un vocabolo, l’arabo frahr che lo spazio è il vuoto, il patois saillifeu che la primavera sgorga fuori improvvisamente.
E’ andata avanti bene, da allora? Ha risolto gli ultimi punti che restavano in sospeso? Ha trovato la soluzione per distinguere in italiano parole da mot? Ha deciso cosa fare con il poema di Madame Guyon? Sa, le sue poesie sono, anche in Francia, poco conosciute e mal pubblicate: eppure il Partout j’écris ton nom, liberté di Éluard o il verso Elle est retrouvée. Quoi? L’étérnité di Rimbaud vengono da lì.
Di tutti i miei libri che lei ha tradotto, Davanti alla parola è il più legato all’Italia.
Ricordo che è nato da un lungo discorso con lei, a Napoli, nel febbraio del 1997, uscendo da una rappresentazione di Pulcinella organizzata da Giovanni La Guardia.
Le parlavo del mio desiderio di scrivere di nuovo dell’attore, del dramma di parlare, del dramma dell’animale Adamo, prigioniero dei vocaboli e liberato dalla parola, e ancor di più dell’incrociarsi della parola con lo spazio: nella pittura, nella scrittura, a teatro, nella carne dell’attore. Lei mi ha incitato a scrivere questo testo, proponendomi di pubblicarlo prima in italiano, perché inaugurasse una collana di saggi che lei stava preparando// di cui si stava occupando.
Il germe di questo libro è italiano, ma anche la sua elaborazione. Lo ho costruito in quattro parti, come una tavola poggia su quattro zampe: a piazza della Signoria a Firenze, aspettandola al Caffé Rivoire; poi a Roma, molte mattine di seguito nella hall dell’albergo degli Aranci dove ritoccavo all’infinito il primo dei quattro testi che rumina questa parola che è il mio solco, la mia ossessione; e infine in Savoia, sotto le abbondanti nevicate dell’inverno del 1999. Allora lei era di passaggio a Milano e io le mandavo per fax degli estratti di Demeure fragile perché potesse verificare fisicamente come interpreto la prospettiva del Cristo morto di Mantegna. Ed è a Ravenna, dove sono da qualche giorno, che mi sembra che Devant la parole possa trovare il suo post scriptum. Ieri pomeriggio, a San Vitale, mi è improvvisamente apparso fino a che punto Piero della Francesca sia un pittore bizantino: nella Madonna circondata da angeli e santi i personaggi rigorosamente allineati come colonne, come una facciata umana, sono davanti a noi come Belisario, Giustiniano e Teodora, nei mosaici del coro. E questa mattina, nel battistero degli ortodossi, ho ritrovato dodici volte, sopra ad ogni apostolo, la strana conchiglia che sovrasta i personaggi del quadro di Brera.
La conchiglia rovesciata, a volta, e il soffitto scolpito, formano uno spazio cavo, come il mihrab nelle moschee di Istanbul e di Edirne, dove c’è, nella pietra, un centro svuotato, un gioco di volumi invertiti, il rovescio della materia, una caverna di stalattiti, uno specchio, un volume negativo, un diamante tagliato in scavo, una cristallizzazione dello spazio vuoto in sospeso… Al centro, sempre il vuoto. Come nella respirazione. Come nell’architettura e come nell’amore. Il vuoto della mancanza e del richiamo.
Adesso, qui, a Ravenna, mi sembra che questo quadro di Milano rappresenti non l’invenzione ma la sparizione della croce… Lo avvertivo senza formularlo, solo nella ventriquattresima sala della Pinacoteca di Brera, il 9 marzo del 1993. Era come se vedessi davanti a me il vuoto nel vocabolo qui. Piero designava lo spazio per me, preso dentro con lui. Come il punto al centro del 5 del dado. Qui il vuoto: che non è affatto il nulla ma la vertiginosa cavità dell’amore.
La lascio; vado al mausoleo di Galla Placidia, e poi alla tomba di Teodorico con mio figlio David.
La abbraccio, cara Gioia, e le auguro buon lavoro.
VERSIONE ORIGINALE
8 février 2001.
Chère Gioia,
Entendre ce que disent les mots, écouter comme ils résonnent et se répondent — comme ils raisonnent –, les voir émettre leurs sens comme des ondes répandues dans l’espace mental — c’est ce que nous avons fait pendant ces quatre jours la semaine dernière à Paris, occupés ensemble à relire votre traduction… Nous avons comparé le français et l’italien, nous avons trouvé atimo plus beau qu’ instant et aimant plus beau que calamite ; nous avons rit de l’étymologie romanesque de silhouette et de chandail ; nous avons cru retrouver singulier dans cingale, grâce à singulier. Nous nous sommes retrouvés souvent au carrefour de mots contradictoires. Janus bi-faces, bouchées d’ambivalence : des mots mystérieux comme des masques neutres — neutres d’être parcourus d’énergies contradictoires, des mots réversibles. Ce sont eux qui provoquent dans toutes les langues les courts-circuits poétique les plus profonds. Ainsi, en français, le mot personne où se trouve à la fois qualcuno et nessuno.
Une fois de plus, j’ai beaucoup appris en travaillant à vos côtés. Les mots étrangers, même si je ne les comprend pas, je les palpe, je les touche, je les porte à mon oreille comme des météorites, comme des cailloux mystérieux, comme des coquillages pour entendre dedans : l’allemand Abgrund m’a apprit que l’abîme n’a pas de fond, l’italien dado que le dé est donné, l’hébreu davar que la chose elle aussi est un mot, l’arabe frahr que l’espace c’est le vide, le patois saillifeu que le printemps jaillit dehors soudain.
Avez-vous bien avancé depuis ? Avez-vous résolu les derniers points qui restaient en suspens ? Avez-vous trouvé la solution pour distinguer en italien la parole du mot ?
Etes-vous venue à bout du poème de madame Guyon ? Vous savez, ses poésies sont — même en France, assez méconnues et mal éditées — et cependant ( c’est ce que dit Etiemble) le Partout j’écris ton liberté d’Eluard ou le : Elle est retrouvée. Quoi ? l’éternité. de Rimbaud viennent de là.
De tous les livres de moi que vous avez traduits, Devant la parole est le plus lié à l’Italie. Je me souviens qu’il est né d’un long débat avec vous, à Naples, en février 1977 au sortir des représentations de Polichinelle organisées présentées par Giovanni La Gardia. Je vous parlais de mes projets d’écrire à nouveau sur l’acteur, sur le drame de parler, sur le drame de l’animal Adam, captif des mots et délivré par la parole — et plus encore sur le croisement de la parole à l’espace : dans la peinture, dans l’écriture, au théâtre dans la chair de l’acteur. Vous m’avez quasiment commandé ce texte et proposé de le publier d’abord en italien — et qu’il inaugure une collection d’essais que vous deviez diriger.
Le germe de ce livre est italien, mais aussi son élaboration. Je l’ai construit, en quatre partie — comme une table repose sur quatre pieds — place de la Seigneurerie à Florence, en vous attendant au café ; puis à Rome, plusieurs matins de suite dans le hall de l’hôtel des Oranges où je retouchais sans fin le premier des quatre textes qui rumine ce mot de parole, mon ornière, mon obsession — et enfin en Savoie, sous les abondantes chute de neige de l’hiver 99 : vous étiez alors de passage à Milan et je vous envoyais par fax des extraits de Demeure fragile pour que vous puissiez vérifier corporellement comment j’interprète la perspective du Christ mort de Mantegna. Et c’est à Ravenne — où je suis depuis quelques jours —, qu’il me semble que Devant la parole pourrait trouver son post-scriptum. Hier après midi, dans san Vitale, il m’est apparu soudain à quel point Piero della Francesca est un peintre byzantin : dans la Madone entourée d’anges et de saints, les personnages rigoureusement alignés en colonnes — en façade humaine — sont devant nous comme Bélisaire, Justinien et Théodora, dans les mosaïques du chœur.
Et ce matin, dans le baptistère néonien ( ou des orthodoxes), j’ai retrouvé douze fois, au dessus de chaque apôtre, la coquille étrange qui surplombe les personnages de la peinture de Brera.
Le coquillage à l’envers — en dais — et le plafond sculpté, forment un espace creusé, comme le mihrab dans les mosquées d’Istanbul et d’Edirne, où il y a dans la pierre un centre évidé, un jeu de volumes inverses, — l’envers de la matière—, une caverne de stalactites négatives, un miroir, un volume négatif, un diamant taillé en creux, une cristallisation de l’espace vide en suspens… Au centre, toujours le vide. Comme dans la respiration. Comme dans l’architecture et comme dans l’amour. Le vide du manque et de l’appel.
Il me semble maintenant ici, à Ravenne, que cette peinture de Milan représente non
L’Invention mais la disparition de la croix… Je le ressentais sans le formuler, seul dans la salle XXIV de la pinacothèque de Brera, le 9 mars 1993. Je voyais devant moi comme le vide dans le mot ici. Piero désignait l’espace pour moi, pris dedans avec lui. Comme le point au milieu du 5 du dé. Ici le vide — qui n’est pas du tout le néant mais le creux vertigineux de l’amour.
Je vous quitte ; je file au mausolée de Galla Placida — puis au tombeau de Théodoric avec mon fils David. Je vous embrasse, chère Gioia, travaillez bien.
Versione originale la cui traduzione è apparsa in: Valère Novarina, Davanti alla parola, Ubulibri, Milano 2001
Cara Gioia,
Il teatro di parole non sarà tradotto, ma con lei andrà da una lingua all’altra: lei sa quanto mi commuova leggere oggi questi testi in quella che avrebbe potuto essere la mia lingua natale. Il francese e l’italiano sono dello stesso seme e come due alberi gemelli: essere di nuovo insieme, e attraversarsi la strada, per loro avviene sempre nella gioia. Due figli del vecchio latino che si ritrovano con emozione dopo aver viaggiato, nella felicità della differenza fraterna.
Esercizi di orientamento, prove di scrittura, lettere a sé stessi, dialoghi di traversata, rifugi per perdersi, diario di un viaggio lontano dal teatro a forza di scavare al centro, gioia di precipitarvi, salto nel vuoto, ruminazioni comiche, cantiere, riapertura perpetua: queste centosettantatre pagine di autoscopie e di invettive, di catene di litanie rimasticate centosette volte al giorno, io le dedico a colui che deve sempre ripetere la sua entrata come una nascita disperante, a colui che cambia corpo novantasette volte, all’attore, all’attore, lui che viaggia nelle vie interiori, al portatore di parole, orante e carnivoro. Deve farci ascoltare la catastrofe ritmica.
Avanzando contro la sua ombra, separandosi per parlare, egli sa che la parola è il crocevia del corpo, il suo viaggio, la sua traversata. E che v’è azione ad ogni parola.
Niente di umano in lui. E’ un uomo che cammina sulla scena per mostrare che non c’è uomini lassù. Viene a dirci che la parola non è dentro di noi, ma siamo noi, gli uomini, ad essere nel teatro che pronunciamo. Non c’è scena per noi: perché noi siamo il teatro di tutto.
Il teatro non è un luogo dove ci rappresentiamo, ma un luogo dove passiamo e che trangugiamo. Dove mangiamo a vista il tempo parlando. L’attore viene a mostrare questa respirazione udibile. Esce d’identità: non rappresenta nessuno, salvo il nostro dramma respiratorio, il cortocircuito dell’aria dentro di noi, la parola che risale, masticata e rimemorata e che avanza contro il tempo, che disfa la nostra azione.
L’attore non è un porta-parola, né strumento di nulla, né attrezzo di qualcuno. Non raffigura. E’ un parlante che tiene nella sua bocca lo spazio dal vero, tutto il teatro tra i denti. Spalanca la lingua nel vuoto, avanza in noi per aprire una volta di più e più a fondo il dramma di parlare. Agisce assente e in parole: lavorato dalla parola e librato di fronte a noi come una bestia che la parola lavora. L’azione dell’attore è disagita, d’un istante e ad un tratto. E’ un atto a sorpresa nel quale qualcosa viene tolto da qui, un mistero di sorgività che scompare. Qui il teatro non rappresenta alcun altro mondo né il medesimo, ma mette in gioco dinanzi a noi la presenza del mondo che accade un’unica volta.
L’attore, nella sua discesa interiore, trasale e abbandona la propria ombra. E’ disincarnato, a forza d’essere in un corpo, e risale le parole ogni volta più lontano.
Torna a dire che il teatro dove è appena caduto è il luogo della sua uscita da qui.
Niente è più bello di ciò che nasce dalla sua caduta: il comico cristallino. Niente più santo del riso, che è la nostra apertura e il nostro sì al mondo luminosamente incomprensibile.
La materia è morta? Il reale è parlato? “Come accade che parliamo? Come fa la carne ad esprimersi?”. A teatro, queste domande si pongono agli occhi. Nel mistero della divisione delle parole. La scena è questo cammino di contraddizioni, questo luogo dove interrogare comicamente la nostra carne, il nostro mistero di carne verbale. Si vede a teatro – non lo si vede che a teatro – che c’è qualcosa di comico e una risata nello spazio. In verità, il teatro non appare che agli attori. Questa scena invisibile dobbiamo comprenderla con gli occhi. Non c’è niente da vedere a teatro, tranne uno squarcio aperto, una fuga verso il mai còlto. Il mondo non va preso. Il mondo non era una presa per noi. Non c’è presa per quelli che non sono di qui.
Scambio respiratorio con l’attore: gli sono vicino, gli sono lontano, gli sono separato, respiro con lui. Il teatro deve essere dato a uno solo. C’è un legame d’amore profondo fra l’attore e chi gli è di fronte; il pubblico non è una mandria, una massa riunita, un gruppo sociale, ma un coro di soggetti. Con ognuno di loro l’attore va più a fondo: nell’unione di tutti e all’interno di ciascuno. A due. Noi non siamo che il dramma della parola nello spazio crocifisso. Nello spazio che la nostra respirazione mette in croce, nomina e libera.
L’attore va, con noi, fino in fondo, fino a quello che in noi è più intimo, e che non ci appartiene. Ci dà ciò che non ha. Il teatro è santo per il sacrificio dell’attore e il riso d’essere staccato da sé. L’attore è come un morto che si separa del corpo per un istante. Ci parla per farci ascoltare il silenzio. Procede, e lascia lo spazio davanti a sé; lega, unisce, agisce per assenza, si ricorda di parlare, pronuncia il teatro, come ogni parola pronuncia il mondo.
Lontano e disumano, è nonostante questo una stella vicina: una luce ascoltata. A teatro si vede che la luce non illumina, la luce ci vede. La avvertiamo una volta passata: illumina tutto invisibilmente, nel nostro ascolto e nella nostra comprensione.
Niente è più nudo del teatro, niente è più spoglio, niente più lacerato da sé, niente più attaccato a sé. Ho sempre cercato una brutalità e un vigore più nudi della scena, una infanzia ancora più grande.
L’attore, filosofo e ballerino, recita davanti a noi la sua morte mimata e attraversata.
Solo il teatro è vero. Chiedo al teatro uno sfinimento. Chiedo tutto al teatro: gli chiedo una visione, uno svelamento. Il teatro lacera. C’è qualcosa di comico e terribile che solo il teatro può dire. I nostri pensieri dicono di non avere che la nostra carne per parlare.
Le scrivo da Marsiglia, dove abbiamo appena recitato Je suis per l’ultima volta, e dove tutte le parole sono appena scomparse.
Con amicizia.
Valère Novarina
Parigi, 7 dicembre 1991
Cara Gioia,
ecco un breve testo, che desidero offrire a Maurizio Grande: con la lettura, qualche minuto, bruciatelo in sua memoria…
Sarà la mia offerta per questo 30 novembre nel quale tanto vorrei essere con voi e nel quale voglio dire che amico sia stato Maurizio per me…
Oggi vorrei poter testimoniare quello che Maurizio mi ha dato: molte delle sue domande – poste a volte come un nulla e ridendo – continuano ad aprirmi e lavorano ancora oggi in me.
Non si incontra spesso un’intelligenza così aperta, combattiva e plurale; amavo anche il suo fuoco, la sua violenza nei dibattiti, nei combattimenti dello spirito.
Il piccolo testo che scrivo adesso e che si chiamerà Il dibattito o Il combattimento con lo spazio, lo dedicherò a Maurizio.
Ne isolo questo paragrafo sulla lettura, la scrittura, la parola – su questo perpetuo incontro che si produce, a teatro e nella nostra testa, fra lo spazio e il pensiero.
Per Maurizio Grande
“Chiamare parola la scrittura e scrittura la parola: esse scrivono nell’aria, parlano nella testa, disegnano con la voce, respirano senza rumore. Nel teatro della lettura la parola e la scrittura sono un’unica cosa. Come l’attore, il lettore presta il suo respiro a lettere morte; dà corpo, dà la vita e la morte della sua respirazione, avanza con colui che scriveva in una foresta e in una separazione di parole: è una scena violenta e invisibile, che avviene nel raccoglimento. La parola è l’inatteso nella testa: muore continuamente e rinasce, mima di avere un corpo, desidera e brucia; proiettata in avanti e ripetuta ogni volta, essa respira, inventa che il mondo sia stato trovato respirando.
La scrittura conduce a ciò che è. Non recita, non riassume, non rende conto, non segue nulla; è davanti, va davanti a se stessa, agisce, è un verbo: cammina, fa apparire lo spazio nel quale avanza, mostra come lo spazio sia nato parlato. Il linguaggio non è una realtà immateriale e al di sopra del mondo, aggiunto alla materia, una testimonianza sull’universo e il modo che alcuni animali hanno trovato per parlarne; il mondo non ha atteso noi, come bestie venute da quaggiù, in tal giorno, per aggiungere il linguaggio alla creazione: il mondo è parlato dalla nascita. Il linguaggio è d’origine.
Non è qualcosa che avremmo guadagnato sulle bestie a forza di evolvere, ma qualcosa che va più lontano di tutte le altre cose perché si ricongiunge alla loro apparizione. La parola non nomina, chiama. E’ un colpo di luce, un fulmine: le parole non evocano, tagliano, spaccano la roccia. Il linguaggio non ha nulla da descrivere poiché esso inizia: non c’è nulla di più nascosto della materia di quanto non lo sia il mistero verbale.
Il mondo è un linguaggio, e la nostra parola se ne ricorda”.
Sono domande che avrei voluto porre a Maurizio.
E le sue domande mi avrebbero aiutato nel dialogo con questo testo, anche se il dialogo con Maurizio non è interrotto perché spero di imparare l’italiano, e di poter finalmente leggere in quella che avrebbe potuto essere la mia lingua natale tutto ciò di cui abbiamo parlato in tante notti, ma spero anche che i suoi libri saranno tradotti in francese, e così quel combattimento dello spirito, animato dal suo fuoco e dalla sua risata, potrà continuare al di sopra della morte.
Valère Novarina
Parigi, giovedì 27 novembre 1997
Lettera a Gioia Costa
Lei lo sa, cara Gioia, per me essere tradotto in italiano è molto più che essere tradotto in una lingua straniera. Mi è sempre sembrato che esistesse un legame molto forte fra le due lingue – e fra l’una e l’altra molto più che una distanza, molto più che una prossimità: qualcosa come un’amorosa estraneità. L’esperienza della lingua italiana è molto importante, nutritiva, per gli scrittori francesi: tutti i nostri grandi scrittori del XVII secolo la frequentavano. L’italiano, per noi francesi, possiede una luce particolare, un vigore nuovo, un’ombra e una profondità.
Le scrivo non da Parigi, che è il luogo del francese centrale, ma dalla Savoia, da queste montagne che dominano il lago Leman e dove siamo nel punto in cui si incrociano le lingue: a qualche ora da qui si parla tedesco, a qualche ora l’italiano e, nelle campagne, si sente ancora qualcuno parlare il franco-provenzale…
E’ qui che spesso i miei libri sono cominciati, fra le montagne: in questo luogo isolato dove ho vissuto a lungo solo e dove fa molto freddo: adesso, dalla finestra, si vede la nebbia d’agosto… Il grano deve essere seppellito: il freddo, la morte, l’inverno precedono la germinazione. Al momento di cominciare un libro torno istintivamente in questo luogo solitario, questo luogo d’infanzia. Qui ho iniziato a scrivere all’età di nove anni – e fino a venti ho continuato a farlo senza che nessuno lo sapesse.
Scrivere era legato al segreto del segreto. Il lavoro di scrittura inizia nell’asfissia, nella sensazione di estraneità dello spazio – e nella sensazione che lo spazio manchi.
Qui ho ricevuto la grande lezione d’idiozia di Jean Dubuffet e dei pittori del museo dell’Art Brut che è dietro questa finestra, a Losanna. Ho esaminato da molto vicino gli scritti dei pazzi, gli stati aberranti del linguaggio; a lungo mi sono nutrito di tutto ciò che deviava: i dialetti, i gerghi, gli idiomi, le lingue incomprensibili e cifrate; ho raccolto molte iscrizioni, graffiti, tatuaggi. Ho conosciuto un uomo con un cartello addosso sul quale era scritto: “Il passato mi ha ingannato, il presente mi tormenta, il futuro mi spaventa”. E’ diventato uno dei personaggi del Drame de la vie. I libri cominciano con tre parole su un foglio, quasi nulla, cose trovate là, briciole, resti. E comincia una proliferazione, comincia una germinazione.
Quello che cerco da sempre è una specie di stato sorgivo della lingua: una primavera. Primavera in Savoia, in dialetto, si dice “saillefeu”: sporge, salta, esce fuori: feu, viene da foris… Non è il vocabolario francese catalogato ciò che mi interessa ma la forza che la lingua ha per germinare sempre e nascere di nuovo. Il suo potere di germinazione.
Non cerco le parole; non ho mai cercato di fare qualcosa con le parole; non le utilizzo; non sono attrezzi… Di fronte al linguaggio, le sensazioni appartengono all’ordine del tatto: qualche cosa vi tocca, là, dietro la testa, e parla. Sento la materialità di tutto. Le parole sono come noci, sassi, minerali che bisogna rompere per liberare una respirazione, per far apparire. Un intero libro deriva a volte da una sola parola spezzata. La parola è chiusa, avvolta, primitivamente sotterrata; qualcosa deve apparire dentro: all’interno della parola stessa e non all’interno di colui che scrive. Le parole ne sanno molto più di noi: basta prenderle fra le mani e avvicinarle all’orecchio.
I testi, all’inizio, sono chiusi in loro stessi, incomprensibili, in materia inerte, in alfabeto Morse, in nuclei ritmici chiusi. Poi lo spazio li respira, e appaiono le figure. Il lavoro comincia cieco, nella miopia, nel troppo vicino, nel contatto con il cuore della lingua; poi ci si allontana – e sorge lo spazio. E’ come nella pittura, dove tutto è visto all’inizio con le mani e da molto vicino, poi l’occhio indietreggia, il corpo si allontana.
Non c’è alcun gioco di parole in quello che scrivo. Le parole non sono oggetti manipolabili che si dispongono come cubi, ma sono tragitti, contraddizioni di forze, campi d’assenza, luoghi di richiamo, di presenza, di rimando. Esiste una dinamica verbale, una fisica-antifisica, nella quale siamo immersi: siamo di fronte a ondulazioni, a una materia innominabile, imprendibile, invisibile e molto concreta. Qui, nella lingua, è come se fossimo nel teatro della materia universale. Qui, incarnazione ha luogo al contrario: sarx, carne, torna ad essere logos, parola. C’è un’antimateria, e la si vede: tutto il linguaggio è in negativo; pensare è un capovolgimento… Quando si è al lavoro, nel linguaggio, si è in contatto con realtà primarie, proprio come i fisici; si è molto vicini a loro, ma dall’altra parte: a rovescio, nel muto, nella lingua a uno. Qui si ha a che fare, veramente e con le mani, con i fondamenti del pensiero, della nominazione, della respirazione, del reale. Ciò che spinge il linguaggio, la sua vita, la sua energia, nella nostra lingua e in tutte le lingue, è il verbo: il verbo spinge, libera, suscita, il verbo rovescia, il verbo chiama, distrugge, agisce; mette il senso in movimento e lo nega; libera il pensiero e la respirazione. Mi piacerebbe scrivere solo con verbi – e quasi niente nomi, aggettivi. Tutte cose verbate, coniugate, incrociate con lo spazio, in trasformazione e passanti. Nulla è temuto, tutto è in dialogo, in combattimento, contraddizione, respirazione, passaggio, rovesciamento. La lingua è il luogo di un dramma. Accanto a questo termine verbo, di atto attraverso la parola, sento passaggio e il termine Pasqua che ci viene dall’ebraico pessah: il salto, l’annegamento, la morte e la rinascita. In noi, nel più profondo, e nel fondo di tutte le lingue, del linguaggio: la sete di spogliarsi e di rinascere; nel più profondo di noi, il desiderio di traversata. Tutti ricordiamo di essere stati messi sulla terra per rinascere: basta ascoltare la nostra respirazione che ci parla in ogni istante di questo movimento di attraversare la morte.
Che è organico e molto vivo. Ciò che tocca il linguaggio non è affatto separato dalla materia. Nel profondo, le leggi che regolano la nostra lingua e quelle che regolano il mondo fisico sono le stesse. L’universo è una frase, è retto dalla parola: sprofonderebbe all’istante se non fosse parlato dal verbo che lo sostiene. Il reale è un linguaggio. E ciascuna delle nostre frasi, anche la più povera delle nostre frasi, mi sembra sia galattica, ogni parte della nostra lingua come un universo in miniatura. Qui c’è un viaggio della carne fuori dal corpo umano attraverso la voce. Un exit, un esilio, un esodo e una consumazione. Un corpo che se ne va, che si disperde, che passa attraverso la voce. Attraverso la parola, qualcosa di più vivo di noi viene trasmesso. “Attraverso la parola, la liberazione”. Tutti gli umani lo sanno: il messia, è la parola.
Le Col du Feu, 19 luglio 1998
(Costa & Nolan, Milano 1998)
Cara Gioia,
circondata dal Robert, dal Littré, dal Rey, dal Claude Duneton, dall’Argot des classes dangereuses di Lorédan Larchey, dal Dictionnaire étymologique di Bloch e Wartburg, dal mio vecchio Gafiot e dal Dictionnaire della Langue Verte, io la ho vista lottare con le lingue durante i quattro giorni nei quali ci siamo ritrovati in Normandia per rileggere la sua traduzione di La Scène… Mi è venuta in mente Paola Benz che diceva l’altro giorno, nei Carpazi dove Jacques Le Ny ci aveva invitato ad ascoltare la sua traduzione rumena di Per Louis De Funès, che il lavoro di traduzione era come una “Lotta con l’angelo”.
Il paragone assume tutto il suo senso se ricordiamo che questa scena, riportata dalla Genesi, si svolge vicino ad un fiume che bisogna attraversare senza ponti: il Yabboq. Anche il traduttore si trova davanti a un passaggio impossibile. C’è passaggio attraverso la morte e annegamento, prima di risorgere nell’altra lingua. D’altronde, anche nella Bibbia, alla fine avviene il rinnovamento delle lingue: all’alba, dopo una lunga lotta, Giacobbe cambia nome: d’ora in poi si chiama Israele. E attraversa…
La saluto quindi, cara Gioia, come lottatrice, come traduttrice – vale a dire come attrice di questo act pascal che è la traduzione: un annegamento e una morte attraverso i quali bisogna passare per vivere dall’altra parte.
Non c’è né ponte, né segno uguale fra le lingue, ma risorgimento attraverso rinascita soffiata – e lei lo sa meglio di altri… Accetti che io le mandi in segno di amicizia e di ringraziamento per il lavoro fatto insieme durante quei quattro giorni (e per la lezione di italiano che mi ha dato al volo!) l’inizio di un testo scritto all’indomani della sua partenza, nato dal nostro dialogo; è una prima eco alle passeggiate fatte in quei quattro giorni nella foresta delle lingue – e io non so ancora dove vada… Forse è l’inizio di un seguito a Davanti alla parola che lei ha tradotto tre anni fa e che tanto deve all’Italia…
“Come un gradino mancante in una scala non fa cadere e genera la danza, è per sincope (una battuta tolta, un verbo che agisce invisibile, la sottrazione di una parola) che la forza del dialogo libera il linguaggio e va nella notte, inventa a battuta persa, attraverso ciò che manca, attraverso lo spazio fra, attraverso la spaziatura della materia parlata.
Macchina per produrre l’ignoto, il dialogo apre – per sorpresa ritmica –-, divide la materia del linguaggio, procede al contrario, avanza per soprassalti, sorge altrove, scava; si ribella al pensiero appiattito, all’assoggettamento; elude la monodia.
Tutta la sua energia, la prende dallo spazio, che scova fra le frasi: una materia che toglie fra le repliche, fra i personaggi, fra le parole – tutta la sua energia la prende da un amore del vuoto, da una pratica del salto. Guida l’azione attraverso una traiettoria sconosciuta, attraverso ritornelli circolari, attraverso la tessitura dei grovigli e attraverso il salto nel pensiero, – attraverso litanie, attraverso scorciatoie.
All’epilogo – sulla scena del libro o sulla pagina spaziata del teatro – la materia del linguaggio è aerata, trafitta, aerea, aperta di passaggi, crivellata di senso, piena di trafori. A forza di trafori, appare d’improvviso che pienamente materiale è il linguaggio, pienamente parlata è la materia.
*
Si vede a volte a teatro lo scambio della parola fra umani scavare fino al dialogo con le cose, fino alla risposta dei muti, fino a che le repliche arrivino a sentire le risposte della materia, arrivino a posarsi sugli oggetti là fino a quando l’emozione abbia luogo fuori d’uomo.
Alla fine, a forza di avere profondamente bucato il cubo, il volume del palcoscenico, si sente il linguaggio delle cose: il rebus della natura. Quello che la materia dice. Si apre un paesaggio punteggiato, pulsante e mutevole, nel quale la figura umana, dispersa alfabeticamente in salti, parole, smorfie, cadute, gesti, è seminata nello spazio per rinascere.
Sulla scena, attraverso la divisione delle voci, attraverso l’infinita demoltiplica della fuga, il linguaggio è disfatto, disgiunto, esposto, traforato, anatomicamente separato e offerto, gettato in pezzi nello spazio, sacrificato: è in questo senso – e solamente in questo senso – che, attraverso la divisione, attraverso il dialogo, il teatro è il luogo della disfatta del linguaggio; la tavola dove con una meticolosa decomposizione ottica trova la sua morte, la sua negazione e la sua forza, il suo rinnovamento.
Il teatro è il recinto di una logoscopia. La scena è un luogo ottico dove verificare la fisica sovrannaturale, dove vedere il nostro linguaggio di fronte per la prima volta; un corpo esterno davanti a noi: la nostra materia soffiata visibile di fronte. In volume e in perpetuo movimento. Il linguaggio appare qui visibilmente agli occhi di tutti come la materia spirituale del corpo umano.
Materia spirituale, perché porta sempre con sé l’ombra del soffio che l’ha soffiata: c’è, durante l’intero svolgimento del dramma – dietro il dramma –, una frase inversa, un pensiero per ellissi, una partitura di vuoti e di sincopi – come il negativo, il rovescio di tutto ciò che è detto. È dalla presenza tangibile, tattile di questa architettura del vuoto, di questa opera del soffio, che viene l’emozione.
Lo spettatore è la vera scena (lo spettatore e non il pubblico!), è in lui che si unisce, si svolge e si risolve l’atto del dialogo: è in lontananza, cieco e veggente, è nel rovescio del teatro; è il punto di fuga dove tutte le frecce della prospettiva si incontrano. Qui, nel corpo di uno solo. In una persona. Da questo punto di fuga carnale può capire d’un lampo, cogliere tutto, sentire nello stesso momento ciò che è detto e il contrario di ciò che è detto.
Ma questo avviene solo quando l’attore ha, attraverso la sua respirazione e la sua danza, attraverso la sua caduta, attraverso la sua disseminazione e il suo dibattito con lo spazio, profondamente operato alla disfatta della rappresentazione”.
A lei, con amicizia.
Valère
Ho voluto vedere la lingua
Cara Gioia,
nel momento in cui lei inizia la traduzione di L’espace furieux mi permetta di immaginarla “sulla sponda italiana delle Alpi” e io dall’altra parte, sulla sponda francese. Noi ci facciamo dei segni, da una parte e dall’altra, come in uno specchio, ribaltati, insieme e controcorrente: la traduzione non è uno scambio ma una danza di fronte, in risposta, come quella dell’attore.
Adesso lei comincerà a camminare fra le lingue, sulle acque, in questo “paese del fra le lingue” che è il territorio poetico stesso: una terra sconosciuta che si apre, nella quale sarà certamente portata a far qualche passo fuori dall’italiano, come a volte io ho camminato fuori dal francese. In L’Espace furieux la lingua si capovolge, appare al contrario; sorge, accelerata o rallentata, in squilibrio, gira in volute; cade, si frammenta, si innalza in spirale, si ritrova, si torce, varia, diventa altra, nel movimento spirale della respirazione, nell’incrocio con lo spazio che avviene attraverso la carne dell’attore.
Quando davanti ai nostri occhi l’attore recita qualcosa si scava, come un movimento di vuoto fra le lingue, aria improvvisa, nascita di spazio fra le parole. La lingua è vista in volume: in fuga, inseguita, cacciata, aprente. E’ allora che ci appare, straniero e di fronte a noi, il nostro corpo più vicino che è il linguaggio. La lingua è la nostra trama, la nostra tessitura, il tessuto del nostro spirito. La lingua è la nostra carne mentale. Il nostro sangue. E’ lei che, in scena, è improvvisamente visibile, vista di fronte. In ogni vero teatro c’è questa logoscopia.. E un’esperienza di uscita dal corpo umano. Traducendo lei si troverà, come lo ero io scrivendo, nel punto di divisione e d’amore fra le parole, nella loro lotta, nella loro sessualità, e non lontano da un mistero fisico dello spirito. Esiste un luogo nel quale noi sentiamo apparire il vuoto, dove sentiamo lo spazio combattere. Fra le lingue, si sente il respiro. Nel lavoro, nel cammino da cieco della scrittura o nella vertigine della traduzione, uno spazio si apre, un desiderio si scava, una sorgente d’aria è aperta. Questo grande scavo delle lingue, questo incrocio, ci apre gioiosamente, ci libera, noi che oggi siamo così vicini ad esser tutti catturati nella stessa rete, chiusi in lingua planetaria unica, catturati e confinati.
L’Espace furieux è scritto in un francese che scava lo spazio in più direzioni. Si apre sotterranei, tunnel, passaggi non visti, scorciatoie dimenticate. Il lettore, l’attore non possono incontrarsi, percorrono sentieri incompatibili, seguono gallerie opposte dove bisogna passare al contrario e in un respiro. Si procede in scavo antagonista dello spirito, in lotta aperta. E’ un lavoro di sterro. Scavare la lingua che è la nostra terra; scavare la nostra lingua, portare alla luce il sotterraneo mentale. Ripenso ai miei antenati scavatori, muratori ma soprattutto scavatori, che all’inizio del secolo lasciarono il Piemonte, la Valsesia, e passarono la frontiera con una livella e un filo a piombo, per costruire, e quindi prima scavare, dall’altra parte delle Alpi, in Savoia. Voglio vedere la lingua; la moltiplico per farla apparire, vederla veramente, nella sua spirale respirata, nella sua danza girante, per assistere alla sua passione. Attraverso lo strumento del teatro, raggiungere la visione della parola; attraverso lo strumento del teatro, catturare la parola con gli occhi, vedere il pensiero. Vedere da molto vicino la nostra morte e la nostra rinascita attraverso le parole: la nostra morte attraverso le parole e la nostra rinascita attraverso la parola. Adesso la lingua non è più qualcosa che ci lega, che è fra noi, ma qualche cosa che è davanti a noi come un teatro di forza, come un campo magnetico. La lingua non ha niente di umano. E’ una antimateria luminosa. Una tensione dello spazio che lo mantiene ancora apparendo davanti a noi.
Tutto accade nell’attore, nella sua bocca, dove il teatro nasce e muore. Questo movimento di nascita-morte è tutta la forza paradossale del teatro, il suo potere di capovolgimento. Tutto quello che è parlato scompare: il mondo sorge parlato. La bocca è come la fossa e l’orifizio e l’origine del pensiero: l’orifizio mangiante e parlante è sempre lo stesso. Il nostro pensiero mangia e respira. Capovolge. La scena del teatro, come il libro, è il luogo di una manducazione. Persino di un morso.
Parigi, 14 febbraio 1996
VERSIONE ORIGINALE
Chère Gioia,
Au moment où vous commencez la traduction de L’Espace furieux, permettez-moi vous imaginer “sur la rive italienne des Alpes ” et moi de l’autre côté, sur le rivage français. Nous nous faisons des signes, de part et d’autre, en miroir, inversés, ensemble et à contre-courant : la traduction n’est pas un échange mais une danse d’en face, en réponse, comme celle de l’acteur.
Vous allez marcher maintenant entre les langues, sur les eaux, dans ce “ pays d’ entre les langues ” qui est le territoire poétique lui même : une terre inconnue qui s’ouvre — où vous serez certainement amenée à faire quelques pas hors de l’italien, comme j’ai marché parfois hors du français. Dans L’Espace furieux, la langue se renverse, apparaît à l’envers ; elle surgit, accélérée ou ralentie, en déséquilibre, tourne en volutes ; elle chute, se morcelle, s’élève en spirale, se retrouve, se tord, varie, devient autre, dans le mouvement spiral de la respiration, dans le croisement à l’espace qui a lieu par la chair de l’acteur.
Lorsque devant nos yeux l’acteur joue, quelque chose se creuse, qui est comme un mouvement de vide entre les langues, de l’air soudain, de la naissance d’espace entre les mots. La langue est vue en volume — en fugue, en fuite, poursuivie, en vrille, chassée, ouvrante. Nous apparaît alors, étrange et devant nous, notre corps le plus proche qui est le langage. La langue est notre texture, notre tessiture, le tissu de notre esprit. Notre chair mentale, c’est la langue. Notre sang. C’est elle qui, sur scène, est tout d’un coup visible, vue d’ en face. Dans tout vrai théâtre, il y a cette logoscopie . Et une expérience de sortie du corps humain.
Traduisant, vous vous trouvez — comme je l’ étais en écrivant — au point de division et d’amour entre les mots, dans leur combat, leur sexualité, et pas loin d’un mystère physique de l’esprit . Il y a un lieu où nous écoutons apparaître le vide, où nous entendons l’espace venir battre. Entre les langues, s’entend le souffle. Dans le travail — dans la progression en aveugle de l’ écriture ou dans le vertige de la traduction — un espace s’ouvre, un désir se creuse, une source d’air est ouverte. Ce grand creusement des langues, ce croisement, nous ouvre joyeusement, nous libère, nous qui sommes à deux doigts aujourd’hui, d’être tous pris dans le même filet, enfermés en langue planétaire unique, mis en boucle et capturés.
L’Espace furieux est écrit en français qui creuse l’espace en plusieurs sens. Il s’ouvre des souterrains, des tunnels, des passages non-vus, des raccourcis oubliés.
Le lecteur, l’acteur vont dans un écartèlement, marchent par des chemins incompatibles, suivent des galeries opposées où il faut passer à l’envers et d’un souffle. On progresse en creusement antagoniste de l’esprit, en lutte ouverte. C’est un travail de terrassement. Creuser la langue qui est notre terre ; creuser notre langue, mettre à jour le souterrain mental. Je me souviens de mes ancêtres creuseurs, maçons mais surtout creuseurs, qui quittèrent au début du siècle le Piémont, la Valsésia, et passèrent la frontière avec un niveau et un fil à plomb, pour construire c’est à dire d’abord creuser, de l’autre côté des Alpes, en Savoie.
Je désire voir la langue ; je la multiplie pour la faire apparaître [ var : je désire voir la parole, je multiplie les lageus pour la faire apparaitre ] — la voir vraiment, dans sa spirale respirée, dans sa danse tournante — assister à sa passion. Par l’outil du théâtre, atteindre la vue de la parole ; par l’outil du théâtre, saisir la parole des yeux, voir la pensée. Voir de très près notre mort et notre renaissance par les mots — notre mort par les mots et notre renaissance par la parole. La langue ici n’est plus quelque chose qui nous relie, qui est entre nous, mais quelque chose qui est devant nous comme un théâtre de force, comme un champ magnétique. La langue n’a rien d’humain. C’est une antimatière lumineuse. Une tension de l’espace qui le maintient [var: dans cet instant pparaissant ]encore apparaissant devant nous.
Tout se joue dans la bouche de l’acteur, où le théâtre naît et périt. C’est ce mouvement de naissance-périssement qui fait toute la force paradoxale du théâtre, son pouvoir de renversement. Tout ce qui se parle disparaît — le monde surgit parlé.
La bouche est comme la fosse et l’orifice et l’origine de la pensée : l’orifice mangeant et parlant est sans cesse le même. Notre pensée mange et respire. Elle renverse. La scène du théâtre, comme le livre, est le lieu d’une manducation. Même morsure.
Paris, le 14 février 1996